06-05-2025 | di COOPI
Niger : La Scolarisation Accélérée de COOPI, un levier d'inclusion éducative dans les zones vulnérables
Dans les zones fragiles du Niger, l’éducation reste un droit fondamental souvent inaccessible pour de nombreux enfants. La situation est particulièrement alarmante dans la région de Tahoua, où plus de 50 % des enfants âgés de 7 à 16 ans sont exclus du système scolaire. Dans ce contexte de grande vulnérabilité, des initiatives telles que le programme Scolarisation Accélérée/Passerelle (SSA/P) mis en œuvre dans le cadre du projet de COOPI – Cooperazione Internazionale « Réponse Intégrée Rapide et Continue en Éducation, Protection de l’Enfance, Santé Mentale et Soutien Psychosocial pour les enfants en situation d’urgence au Sahel – 2? phase », financé par la avec l’Aide Humanitaire Européenne (ECHO), constituent des leviers essentiels pour briser le cycle de l’exclusion et promouvoir l’égalité des chances en matière d’éducation.
La SSAP est une formule éducative accélérée non formelle, permettant aux enfants (garçons et filles) de 9 à 12 ans non scolarisés ou déscolarisés précoces, de réintégrer le système formel en 3ème année (CE1) et en 4ème année (CE2) de l’école primaire, après 9 mois de cours d’enseignement et un examen final. Il s’agit d’une initiative visant à offrir une seconde chance aux enfants qui n’ont jamais fréquenté à l’école et dont l'âge dépasse la limite d'inscription - fixée à 8 ans pour l’entrée en première année du primaire au Niger, au-delà de laquelle l’inscription n’est plus autorisée - ainsi qu’à ceux qui ont été exclus prématurément du système éducatif formel.
La région de Tahoua fait face à des défis majeurs en matière d'accès à l'éducation et abandon scolaire. Plus de 50% des enfants âgés de 7 à 16 ans ne sont pas scolarisés, avec des disparités géographiques et socio-économiques marquées. Les filles sont particulièrement désavantagées, avec un taux de scolarisation primaire de 71% contre 88% pour les garçons. Les causes principales incluent la pauvreté des ménages, le travail des enfants, les mariages précoces, et les perceptions culturelles limitant l'éducation des filles. Les disparités urbain-rural, l'éloignement des écoles, les infrastructures inadéquates et le manque d'enseignants qualifiés aggravent la situation. Les conflits armés et l'insécurité contribuent également à la fermeture des écoles et au déplacement des populations, perturbant l'accès à l'éducation. À Tahoua, les enfants déplacés (PDI) et les réfugiés représentent 23 % des élèves dans les écoles d'accueil et l'abandon scolaire est répandu, avec 60 % des écoles d'accueil signalant au moins un cas d'abandon en 2023-2024 (REACH, MAI 2024). Les classes SSA/P ne sont pas seulement un tremplin éducatif, mais peuvent aussi représenter un véritable catalyseur de changement social.
Le 1er octobre 2023, grâce au projet de COOPI, 4 centres SSA/P ont ouvert leurs portes - dont 2 dans le département de Tillia et 2 dans celui de Bagaroua, dans la région de Tahoua - et ont été implantés au sein des 4 écoles publiques primaires (Bagaroua Eka, Akassou Folakawa, Tillia quartier et Telemces traditionnelle) parmi les 13 écoles cibles du projet. Chaque centre a accueilli une cohorte de 30 apprenants composée des filles et garçons, issus des communautés hôtes, déplacées et refugiées. Cette initiative a visé à offrir une éducation de qualité à un total de 120 enfants enregistrés, dont 54 filles et 66 garçons, qui vivent dans des zones touchées par la crise de sécurité à la frontière avec le Mali. Le programme, qui s'est déroulé pour une période de 9 mois, a inclus 65 enfants autochtones (28 filles), 45 déplacés internes (22 filles) et 10 réfugiés (4 filles). Tous les enfants ont reçu un kit scolaire comprenant un sac à dos, des cahiers, des manuels, des stylos, des crayons et des gommes.
En complément de l’aspect éducatif, le programme prévoit un accompagnement psychologique et social régulier: un psychologue et un gestionnaire de cas effectuent des visites fréquentes dans les centres afin d’apporter un soutien aux enfants qui en expriment le besoin. Pour l’encadrement des classes, quatre animateurs issus des communautés locales, dont deux femmes, ont été recrutés et formés à la méthodologie pédagogique SSA/P. Ce choix reflète une volonté forte de promouvoir l’égalité de genre dans le domaine de l’éducation, tout en renforçant l’ancrage du projet dans son environnement social.
Centre SSAP/P Bagaroua Eka année 23-24 : Animateur en séance d’encadrement mathématique avec une apprenante
Les classes SSA/P se veulent un espace d'apprentissage dynamique et inclusif, où chaque apprenant peut bénéficier d 'un soutien personnalisé. Les animateurs, formés et motivés, jouent un rôle clé dans l'accompagnement des enfants dans leur parcours scolaire, tout en agissant en tant que sentinelles pour détecter et signaler les enfants ayant besoin d'un soutien psychosocial. Cette initiative ne se limite pas seulement à l'enrichissement académique, mais vise également à créer un environnement propice au développement personnel et social des apprenants à travers un accompagnement psychosocial, ce qui leur permet de surmonter les défis émotionnels et psychologiques auxquels ils peuvent être confrontés. En mettant l'accent sur l'épanouissement des filles et des garçons, les centres SSA/P contribuent à réduire les inégalités en matière d'éducation, en garantissant la réintégration scolaire des enfants les plus vulnérables.
COOPI travaille au Niger depuis 2012 en développant des programmes d'intervention multisectoriels intégrés, en réponse à diverses crises humanitaires. Aujourd'hui, nous intervenons avec 18 projets dans les domaines de la nutrition, de la sécurité alimentaire, de l'éducation d'urgence, du soutien psychosocial, de la santé mentale, de la protection, de la réduction des risques de catastrophe et de la préparation, et du développement entrepreneurial.