RCA. La renaissance des centres de jeunes pour les filles à Bria
24-02-2023 | di COOPI

RCA. La renaissance des centres de jeunes pour les filles à Bria

La situation des jeunes en République Centrafricaine

Jules Gilbert Keïta est inspecteur de la jeunesse et directeur sportif par intérim des Maisons de Jeunes et de la Culture de Bria, en République centrafricaine, des centres de loisirs pour jeunes soutenu par COOPI - Cooperazione internazionale grâce au fonds Bekou de l'Union européenne à travers le projet "Jeunesse, espoir de la République centrafricaine : Masséka békou ti Bé-Afrika".

Son travail consiste à s'occuper des jeunes, qui constituent la plus grande partie de la population de ce pays d'Afrique centrale, et en particulier de la ville de Bria. Cela pourrait être, selon Jules, "une source d'opportunités pour le développement socio-économique de la ville". Cependant, ces jeunes sont confrontés à de nombreuses vulnérabilités:

Il y a de vrais défis en termes d'éducation, de santé reproductive et de chômage. Le taux d'analphabétisme de retour est élevé, car beaucoup de ceux qui sont allés à l'école ont malheureusement dû l'abandonner pour diverses raisons. La consommation de drogue chez les 12-35 ans est également courante et tous ces comportements laissent souvent des traces négatives dans les communautés."

 

Les deux Maisons des Jeunes de Bria

Jusqu'en 2020, un climat d'hostilité et de conflit social règne à Bria. En 2021, les efforts du gouvernement concernant les partenariats avec les organisations humanitaires ont tenté de rétablir l'harmonie par la création de la Maison de Jeunes et de la culture, mais des malentendus sur sa gestion ont limité les activités de la maison dans le quartier de Piango. Avant le projet Bêkou, la Maison de Jeunes ne proposait que quelques conférences éducatives pour sensibiliser aux questions sociales et mettait à disposition un écran pour regarder des documentaires. Aujourd'hui, selon Thierry Evariste Binguinendji, préfet de Bria, la maison des jeunes de Bria "revivre".

Grâce à la formation reçue et à l'accompagnement continu des travailleurs de COOPI, un plan d'action a été adopté. L'offre d'activités s'est élargie et la qualité des activités s'est améliorée. Il m'est devenu plus facile de travailler, maintenant que je sais que j'ai les compétences nécessaires pour comprendre les besoins de notre communauté de jeunes et pour organiser des activités plus spécifiques pour eux."

Dans le quartier de Gobolo, un espace de 30 000 mètres carrés, à 3 kilomètres de la ville, a permis la construction d'une nouvelle Maison de Jeunes. Récemment pris en charge par le Ministère en charge de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et de l'Education Civique (MPJSEC), le centre est un lieu d'accueil pour les jeunes et les femmes, avec la perspective d'intensifier les activités de couture, saponification, vannerie, maçonnerie, menuiserie, mécanique, l’élevage du petit bétail et la volaille. Une bibliothèque facilitera également l'étude et l'éducation des jeunes et de tous les membres de la communauté, et des installations sportives pour le football, le basket-ball, le handball, le volley-ball et les jeux pour enfants seront construites.

Maison des jeunes de Piango, Bria, République centrafricaine.

 

Les difficultés des filles

Jules est enthousiaste quant au travail accompli jusqu'à présent :

Les résultats ne se sont pas fait attendre, nous avons tout de suite remarqué qu'une approche plus participative, tant de la part du personnel que des jeunes, est la bonne voie à suivre. Nous voulons intégrer les plus vulnérables par le biais d'activités d'alphabétisation".

Jules regrette notamment que peu de filles participent aux activités organisées par son centre de jeunesse. Selon lui, cela est dû à la barrière de la langue, car les filles pensent que l'on ne parle que le français dans les Maisons de Jeunes et ont peur de ne pas comprendre. L'objectif de Jules est donc de les mettre à l'aise:

Nous commencerons par des cours d'alphabétisation. Ensuite, nous aimerions nous occuper des mères célibataires en leur proposant des activités génératrices de revenus. La situation des filles est un vrai problème dans la ville de Bria: les mariages précoces et les grossesses non désirées transforment rapidement les filles en jeunes mères seules".

Journée de remise des prix aux filles.

 

Le pouvoir de l'alphanétisation

Wadala, bénéficiaire d'un cours d'alphabétisation, affirme que l'apprentissage de la lecture et de l'écriture a changé sa vie: "Avant de suivre ce cours, je ne savais pas écrire mon nom ni tenir un stylo". Mariam Moussa, élève d'un cours d'alphabétisation organisé à Piango, qui a abandonné l'école pour se marier jeune, confirme elle aussi l'importance de l'alphabétisation et est pleine de rêves pour son avenir:

"J'ai quitté l'école quand mes parents m'ont mariée. Aujourd'hui, je sais lire, écrire et parler un peu le français. Je ne voudrais pas que mon apprentissage s'arrête là. J'aimerais continuer à faire de l'informatique dans ce centre de jeunes, me spécialiser en tant qu'institutrice de maternelle, travailler dans une ONG ou comme couturière dans mon atelier".

Suite aux événements politico-militaires qui ont secoué la République centrafricaine, la faiblesse du système éducatif, le manque d'activités destinées aux jeunes et la détérioration de la situation socio-économique ont directement affecté les jeunes de 19 à 34 ans, estimés à 2,5 millions dans le pays en 2019. Le travail de COOPI en République centrafricaine se concentre, entre autres, sur la cohésion sociale post-conflit, la gouvernance et les droits de l'homme, la formation et l'éducation en situation d'urgence. À partir de 2021, le Fonds Bêkou de l'Union européenne soutiendra 17 centres de jeunesse dans le pays.

Le personnel de la maison de Bongolo avec un représentant du ministère de la Jeunesse.